Crise conjoncturelle ou structurelle ?

À crise inédite, conséquences inédites. La récession guettait en sortie de crise Covid, c’est à l’inverse un redémarrage vigoureux qui s’est produit. Cette reprise finalement en V connaît d’autres ratés, imprévus et inédits. En premier lieu, la crise de la logistique internationale, historique. Nous consacrons le dossier de ce numéro à la désorganisation des acheminements, en particulier de l’Asie vers l’Europe. Autre crise aiguë, la pénurie de matières premières et de composants, qui touche la plupart des secteurs industriels directement ou indirectement. Enfin, la crise énergétique s’amplifie et prend à son tour des proportions inédites, avec là encore des ricochets tout au long des chaînes logistiques, depuis la production jusqu’à la demande finale.

Ces trois crises d’apparence conjoncturelle ont révélé des failles plus structurelles dans les maillons logistiques. Certes, le grand embouteillage du fret international devrait se résorber mi-2022, au mieux. Mais si le manque de capacités peut se résoudre par des investissements en matériel, cette crise a révélé des manques de main-d’œuvre dans les grands ports maritimes. Des difficultés qui font écho à la pénurie chronique de chauffeurs routiers ou au recrutement de plus en plus délicat dans les entrepôts.

Ces crises d’apparence conjoncturelle ont révélé des failles structurelles.

De même, la crise des matières premières devrait également s’estomper, plus lentement. Pour autant, la dépendance économique aux imports d’Asie restera très forte. Malgré des responsables supply chain à la manœuvre pour sécuriser les schémas logistiques amont et contenir les coûts à court terme, les stratégies de diversification du sourcing ou de relocalisation n’inverseront pas la tendance avant de longues années.

Quant à la flambée des prix des énergies fossiles, de grands prestataires logistiques tablent sur un retour à la normale en 2022. Ce n’est pas une certitude et la tendance est à la hausse structurelle des prix du carburant. Surtout, l’alourdissement du poste énergie renvoie au coût très élevé de la décarbonation d’un secteur énergivore par définition. L’enjeu structurel de la transition énergétique passe par des investissements se chiffrant en dizaines de milliards d’euros au financement incertain.
Le fameux « monde d’après » reste encore bien lointain…

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