- Carte du corridor ferroviaire méditerranéen
- Doc: association Transalpine
Composée du Mouvement 5 Etoiles et de la Ligue, la nouvelle coalition au pouvoir en Italie s’est déclarée pour une « rediscussion » du projet ferroviaire Lyon – Turin. En France, ses partisans au sein de l’association Transalpine se mobilisent et ont rappelé ses enjeux logistiques le 14 juin à Paris.
75 Mds€ par an, tel est le poids économique des échanges de fret entre la France et l’Italie soit, en volume, 42 Mt par an. « 92 % de ce tonnage est transporté par route à travers les Alpes, l’équivalent de 2,8 millions de poids lourds par an, un flux en croissance de 12 % depuis 2013 », rappelle Jacques Gounon. Pour le président de l’association Transalpine à la tête également de Getlink (ex Eurotunnel), ce quasi-monopole du mode routier est dû à l’absence d’infrastructures ferroviaires adaptées : « La ligne du Mont-Cenis, seul passage ferroviaire aujourd’hui, date de 1870 et est inadaptée aux exigences modernes de transport avec des surcoûts d’exploitation jusqu’à 40 %. Avec le Lyon – Turin, l’objectif est de passer à 40 % le fret transporté par rail entre la France et l’Italie, soit un report modal d’un million de camions chaque année ».
L’Italie se ravise
Sauf que depuis l’arrivée au pouvoir en Italie de la coalition composée du Mouvement 5 Etoiles et de la Ligue, le projet est remis en cause. Face à cette position, l’association Transalpine dresse les obstacles « d’un hypothétique arrêt ». A commencer par le président de la République italien qui « dispose des pouvoirs pour faire respecter les traités internationaux ». Jacques Gounon ajoute « qu’au stade d’avancement du projet, un arrêt coûterait aussi cher à l’Italie que d’aller jusqu’au bout ». Pour plus de 2 Mds€, il cite notamment « le remboursement à la France et à l’Union européenne des sommes engagées et les pénalités pour rupture de contrat avec les entreprises ».
Coût réévalué à la baisse
Chaînon manquant du corridor ferroviaire méditerranéen reliant la péninsule ibérique à l’Europe centrale et demain l’Asie via les nouvelles routes de la soie, le projet comprend un tunnel de base sous les Alpes de 57,5 km et des voies d’accès sur les territoires français et italiens. Selon les dernières estimations de la Transalpine, son coût s’élèverait à 18,3 Mds€ contre 26 Mds€ évoqué par la Cour des Comptes en 2012. Sur le montant révisé, 8,4 Mds€ seraient à la charge de la France.
Confirmée lors du sommet franco-italien du 27 septembre 2017, la date d’ouverture du tunnel de base est fixée à 2030 pour 8,6 Mds€ financés à 40 % par l’Europe, 35 % par l’Italie et 25 % par la France. S’inspirant de la démarche italienne, l’association estime que l’investissement des voies d’accès en France pourrait être divisé par deux. Soit 3,85 Mds€ « grâce à un phasage plus sobre du tracé permettant de ne retenir que les infrastructures essentielles ».
Prochaines étapes françaises
C’est sur cette base que Jacques Gounon demande l’inscription du projet Lyon – Turin dans la future Loi d’orientation sur les mobilités (LOM) annoncée en septembre. « La LOM doit sécuriser également le plan de financement de la part française au tunnel de base et réaffirmer la volonté de l’Etat d’articuler son calendrier avec celui des voies d’accès françaises ». Le rapport du Conseil d’orientation des infrastructures (rapport « Durond ») réalisé pour préparer la LOM et sa programmation de financement des infrastructures recommande en effet de repousser le début des travaux de ces voies au-delà de 2038…
Voir en ligne : http://www.transalpine.com/
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