Bils-Deroo : « L’innovation participe à la maîtrise des coûts »

►Cette interview est issue de notre dossier annuel sur la logistique contractuelle paru dans Stratégies Logistique n°211.

Comment analysez-vous le climat actuel des affaires ?
Jimmy Bils (JB) : Après les Jeux Olympiques, l’instabilité politique a créé une inquiétude dans le monde économique. Elle s’est traduite par des décalages dans les prises de décision notamment en matière d’investissements et de recrutements. Cette incertitude a rendu les consommateurs plus prudents dans leurs achats aussi, adoptant un comportement davantage « fourmi » que « cigale ».

Quelles sont les conséquences pour la logistique contractuelle ?
JB  : La dégradation de la situation économique s’est accompagnée d’une baisse des volumes de stock et de réflexions sur l’externalisation logistique pour réduire les surfaces de stockage et mieux variabiliser les coûts. Lorsqu’un chargeur est locataire d’un entrepôt, il doit supporter l’intégralité du loyer en effet. En externalisant, il ajuste ses coûts en fonction de ses besoins réels. En parallèle, certains chargeurs sont tentés de se recentrer sur leur cœur d’activité et de confier leur logistique à des experts comme nous leur garantissant une meilleure flexibilité.

Le groupe Bils-Deroo compte 25 plateformes logistiques en France.

ACHphoto

Les logisticiens ont subi, comme leurs clients, une forte inflation en 2023 et 2024, comment le groupe Bils-Deroo a traversé cette période ?
JB  : Entre 2023 et 2024, nos coûts d’exploitation ont augmenté d’environ 12 % à 15 % incluant la masse salariale, les consommables et les loyers d’entrepôts. Depuis mi-2024, nous observons une stabilisation et cette année nous anticipons une hausse entre 2 % et 6 % selon les postes. Pour maîtriser nos coûts, plusieurs mesures ont été mises en place dont la renégociation de nos contrats fournisseurs en augmentant notre part de marché chez certains pour obtenir de meilleurs prix. Nous avons procédé aussi à une rationalisation de notre parc d’entrepôts. Concrètement, nous avons réduit le nombre de sites en optant pour des entrepôts plus grands avec des gains en termes de consommation énergétique et de coûts de gestion à la clé.

Comment l’innovation contribue-t-elle à mieux maîtriser la hausse de vos coûts ?

JB  : Des bases roulantes équipées d’une assistance électrique sur les chariots de picking ont été déployées sur nos sites par exemple. Ils permettent de gagner en efficacité dans la préparation des commandes tout en réduisant la pénibilité pour nos collaborateurs. Un outil de cartographie des flux et une description synthétique des tâches optimisent aussi le dimensionnement des ressources en les ajustant en fonction des charges et volumes à traiter. Cet outil améliore notre réactivité en outre. Le pilotage et le suivi de la performance de nos activités ont été renforcés par un système de mesures enfin. En agrégeant des données issues de plusieurs sources, il évalue la productivité et la performance par secteur, offrant ainsi une vision claire et exploitable par des ajustements en temps réel.

Portique de manutention conçu en interne pour le secteur automobile

Groupe Bils-Deroo

Et dans le domaine énergétique ?
JB  : La maîtrise des coûts énergétiques par une meilleure sobriété notamment est une autre de nos priorités. Parmi les actions engagées, il y a la mise sous GTB (Gestion Technique des Bâtiments) de nos sites pour optimiser leurs consommations, le relamping avec détecteur de présence ou encore un « Plan de mobilité employeur ». Lequel encourage les bonnes pratiques comme le covoiturage pour limiter l’impact des déplacements professionnels.

Au plan environnemental, le groupe Bils-Deroo s’est fixé un objectif ?
JB  : Oui, un plan d’actions fixe la réduction de l’empreinte carbone de Bils-Deroo à 15 % d’ici 2026 par rapport à 2022. Je précise que le groupe a créé aussi un comité QVCT (Qualité de Vie et Conditions de Travail). Sa mission est d’identifier et de mettre en œuvre avec nos équipes des actions pour améliorer leur bien-être.