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Logistique militaire : comment passer à l’échelle en cas de conflit ?

, par Erick Demangeon

En cas de conflit majeur, la projection et la mobilité de l’Armée française dépendent de la capacité des sociétés privées de transport et de logistique. Le Centre du soutien des opérations et des acheminements du ministère des Armées (CSOA) prépare le scénario d’une France base arrière de l’OTAN. La montée à l’échelle a commencé et les freins à lever sont connus.

L’actualité internationale et l’invasion russe de l’Ukraine en particulier mettent en lumière le rôle des infrastructures et des sociétés de transport en cas de conflit sur le continent européen. Fabrice Feola, commandant du Centre du soutien des opérations et des acheminements du ministère des Armées (CSOA) a planté le décor lors du salon SITL 2025 : «  En cas d’engagement majeur à l’Est de l’Europe, la France sera l’une des bases arrière de l’OTAN, un territoire de transit pour les hommes, les munitions, les véhicules blindés et les équipements ». Passée inaperçue ou presque, la nouvelle plateforme rail-route mixte, militaire et civile, inaugurée en mars dernier sur le port de La Rochelle illustre la préparation de la France à jouer ce rôle. « Prévue pour un usage privilégié par le ministère des Armées mais non exclusif  », précise le Grand port maritime rochelais, le chantier est équipé de quais conçus pour le chargement de chars Leclerc sur wagons plats et de terre-pleins supportant des charges jusqu’à 100 tonnes !

Moyens propres et affrétés

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Fabrice Feola, commandant du Centre du soutien des opérations et des acheminements du ministère des Armées (CSOA)
Ministère des Armées

Fabrice Feola rappelle qu’en cas de conflit majeur, « la capacité de projection de l’Armée s’appuie et dépend de l’externalisation logistique auprès de sociétés privées  ». Grand témoin de SITL 2025 avec Anne-Marie Idrac, présidente de France Logistique, le commandant cite plusieurs crises et opérations, plus ou moins planifiées, où cette externalisation a démontré son efficacité : « Cyclone à Mayotte, évacuations à Kaboul, au Mali, Niger et Tchad  » ou «  la crise calédonienne il y a un an  ».
Pour gérer ces crises et opérations, l’Armée a utilisé ses moyens aériens, maritimes et terrestres propres complétés « par des capacités de transport affrétées par le CSOA  », précise-t-il. Avec des enjeux stratégiques et régaliens, les attentes du Centre « sont communes à celles des entreprises civiles autour de l’agilité et de la souplesse  ». Elles s’appuient toutefois «  sur une expertise (unique, ndlr) pour préempter ou réserver les capacités adaptées » aux crises et opérations à venir.

Le ferroviaire vital

Illustré par le nouveau chantier rail-route civil et militaire rochelais, le réseau ferroviaire est considéré comme « vital  » pour déplacer rapidement troupes et matériels à travers le continent et vers l’Est de l’Europe en particulier. Dans ce scénario, Fabrice Feola appelle à se préparer « à un choc capacitaire et à simplifier les procédures ferroviaires transfrontalières  ». Pour le haut-gradé, les délais pour obtenir les sillons et les autorisations de circuler doivent être raccourcis au maximum dans tous les sens : aller pour acheminer troupes et matériels sur le front, retour « pour évacuer blessés et populations. Le réseau ferré sera sous tension », prévient-il. D’autant qu’il continuera à traiter les transports ferroviaires « classiques » de voyageurs. Aussi est-il « essentiel d’identifier les fragilités du réseau dès aujourd’hui ». A ses yeux, le premier enjeu en cas de conflit sera « le passage à l’échelle » pour acheminer tous les flux civils et militaires.

Attentes et besoins convergents

L’esprit « patriotique » des sociétés privées ne suffira pas à relever ces défis reconnaît le patron du CSOA. « Il faut dès maintenant mettre les conditions pour que ces capacités logistiques et industrielles existent et soit mobilisables rapidement  ». Les Jeux Olympiques Paris 2024 et la pandémie Covid ont démontré qu’elles disposaient de capacités importantes face aux crises et événements exceptionnels, selon Anne-Marie Idrac. La présidente de France Logistique estime que les attentes militaires croisent celles du secteur privé qu’elle représente dans des domaines variés : simplification des procédures dans l’immobilier logistique, pour augmenter les capacités de stockage, et le rail transfrontalier, renforcement des infrastructures portuaires et ferroviaires, accélération du réseau transeuropéen des transports (RTE-T), soutien au pavillon routier français pour préserver des capacités de transport souveraines…

Crédits européens

Depuis 2018, l’Union européenne s’est doté d’une enveloppe pour financer les projets visant à faciliter la mobilité militaire à travers le continent. Dans le cas du chantier rail-route militaire et civil aménagé sur le port de La Rochelle par exemple, l’Europe a financé 50 % des 3,8 M€ investis dans le projet via le Mécanisme d’interconnexion en Europe (MIE). L’autre moitié a été financée par le Grand port maritime rochelais et la communauté d’agglomération locale dans le cadre du Contrat de plan Etat-région 2023-2027.

Le magazine et les hors-séries

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