Post-Covid mais pas post-crise

Nous avons tous en mémoire les images du porte-conteneurs Ever-Given échoué en travers du canal de Suez pendant 6 jours. Deux ans et demi après, d’autres images bien plus inquiétantes ont fait le tour des médias : l’attaque du roulier Galaxy-Leader par des pirates yéménites. Après avoir pris possession du navire et fait prisonnier son équipage, les rebelles Houthis l’ont conduit au large du port d’Al-Salif au Yémen pour en faire une attraction touristique !

Devant l’aggravation de la menace – un porte-conteneurs de Hapag-Lloyd a pris feu après avoir été touché par un missile le 15 décembre –, les cinq principaux armateurs mondiaux (MSC, Maersk, CMA CGM, Cosco et Hapag-Lloyd) ont préféré dérouter leurs navires croisant dans la zone. Or, passer par le cap de Bonne-Espérance plutôt que par le canal de Suez a de quoi inquiéter les chargeurs européens. Un tel détour rallonge de 40 % le trajet Singapour-Rotterdam calcule le cabinet S&P Global. Si ce nouvel aléa géopolitique lié au conflit israélo-palestinien était amené à durer, il pourrait créer une crise logistique d’ampleur.

 Les ruptures d’approvisionnement pourraient revenir.

Dans le maritime, les tensions en mer Rouge se cumulent en effet à un autre aléa, climatique, sur le trafic avec les Amériques : la restriction du trafic du canal de Panama pour cause de sécheresse. En Europe, à peine remises des perturbations de la crise Covid, certaines supply chains pourraient avoir du mal à éviter le retour des ruptures d’approvisionnement de produits importés. Sans parler de l’inflation du coût des transports, qui est une certitude pour 2024.

Risques géopolitiques démultipliés, risques climatiques devenus certitudes, le tout sur fond d’inflation généralisée : le monde post-Covid se révèle polycrise. Le passage à des modèles de supply chains plus résilientes et durables est peut-être plus urgent que prévu.

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