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Haropa Port détaille sa stratégie foncière, axée sur la réindustrialisation verte
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Dans le cadre de la loi ZAN, l’ensemble portuaire souhaite mettre à profit son importante réserve foncière pour une trentaine de projets industriels. La construction de trois usines a été annoncée à l’occasion de la présentation des résultats 2023. L’axe Seine disposerait également d’un potentiel de près de 300 000 m2 d’entrepôts.
Fin novembre, ont été publiés trois décrets visant à mettre en œuvre les objectifs Zéro artificialisation nette des sols d’ici à 2050. Ils ont confirmé, notamment, une réserve foncière pour des « projets d’envergure nationale ou européenne présentant un intérêt général majeur ». Quelque 12 500 ha doivent être alloués afin de réindustrialiser la France, avec des industries décarbonées en particulier. Les domaines portuaires sont en première ligne pour bénéficier d’une partie de cette réserve foncière, comme l’a souligné Stéphane Raison, fin janvier, lors de la présentation des résultats 2023 de l’ensemble portuaire Haropa, composé du Havre, Rouen et de Paris, le long de l’axe Seine.
Selon son directeur général, « 486 hectares » seraient envisagés pour accueillir des projets « d’envergure ». A confirmer de façon législative, 456 ha seraient en Normandie et 30 ha en Ile-de-France. « S’ajoute une centaine d’hectares de friches à réhabiliter », a-t-il confié. Soumise à cet enjeu foncier, la stratégie de Haropa repose sur deux piliers, rappelés par Stéphane Raison : « la structuration du corridor vert et décarboné séquanien et sa réindustrialisation ». Les investissements publics et privés constituent un bon indicateur de cette transition, à ses yeux.
Trois usines annoncées
En 2023, les investissements ont atteint la somme record de 588 M€, dont 78 % financée par le privé (462 M€) et 22 % par l’établissement portuaire (126 M€). « Plus de 40 % des investissements privés sont liés à des enjeux de décarbonation ». Parmi eux, la construction de trois usines a été annoncée. Elles produiront des carburants renouvelables. Portées par Engie, lauréat d’un appel à projet lancé par Haropa en 2022, deux situées au Havre fabriqueront du biométhane, avec CMA CGM pour partenaire, et du e-kérosène, ainsi que de l’hydrogène vert, avec Air France KLM. « Ce double projet représente un investissement d’un milliard d’euros », a indiqué Haropa. A l’initiative de Verso Energy, la troisième usine, à Grand-Quevilly près de Rouen, produira de l’hydrogène bas-carbone et des carburants de synthèse, à partir de CO2 valorisé. Cet investissement est estimé à 500 M€. De l’aveu de Stephane Raison, « une trentaine d’autres projets industriels » attendrait « la labellisation ZAN », soit la réserve foncière attribuée aux terrains portuaires de Haropa.
En termes de capacités logistiques, l’axe Seine disposerait d’un potentiel, construit ou prêt à être lancé, de près de 300 000 m2 d’entrepôts. Telamon, Goldman Sachs, GLP, Prologis, Goodman, Katoen Natie et Parcolog en sont les promoteurs et développeurs.
Soutenir le report modal
En 2024, Haropa a budgété 201 M€ d’investissement. La majeure partie financera des projets visant à soutenir les modes ferré et fluvial. Démarreront les travaux de l’accès fluvial direct aux terminaux conteneurisés de Port 2000, au Havre, dit « chatière », et du port multimodal à Achères, dans les Yvelines, appelé Port Seine-Métropole Ouest (PSMO). La chatière devrait être achevée en 2026, pour un total d’environ 128 M€, et le projet PSMO sera réalisé en plusieurs phases, estimées à 122 M€. L’amélioration des dessertes ferroviaires et routières de Port 2000 est programmée également.
En 2023, la part du rail et de la voie d’eau, dans les trafics de Haropa, a progressé d’1,2 point : 1 pour le fluvial et 0,2 pour le rail. Elle s’établit à 15 %. Parmi les investissements consacrés aux outils portuaires, MSC a confirmé aussi « son milliard d’euros », annoncé en 2022, avec l’ambition de tripler son trafic conteneurisé au Havre (pour le porter à 4,5 MEVP).
Trafic en repli « limité »
En termes de trafics, Haropa déclare 81,3 Mt, de trafic maritime (- 4,5 %), et 20,69 Mt, de trafic fluvial (- 5 %), en 2023. Autour des ports du Havre et de Rouen pour l’essentiel, les flux maritimes ont été impactés par la baisse des conteneurs (2,63 MEVP, - 15 %) et des céréales (7,3 Mt, - 14 %).
Comparé aux autres ports français, Haropa enregistre une baisse limitée. Nantes Saint-Nazaire s’est contracté de 4 % (28,5 Mt), Marseille-Fos de 7 % (71,9 Mt), Dunkerque de 10 % (44 Mt) et La Rochelle de 11 % (8,6 Mt). Quant à Calais-Boulogne, porté par la reprise du transmanche, il a progressé de 10 % (44,7 Mt).
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